Découverte surprenante des insectes comestibles à travers la culture thaïlandaise
Les Thaïlandais débordent d’imagination lorsqu’il s’agit de déguster des insectes. Cette pratique, appelée l’entomophagie, fait partie intégrante de leur culture. D’ailleurs, ils sont à la fois les premiers producteurs, et les premiers consommateurs de ces petits animaux, dont plus de deux cents espèces sont comestibles. Cela dit, vous éprouvez des difficultés à concevoir ce mode d’alimentation ? Vous souhaitez en connaître davantage sur le sujet ? Dans ce cas, je vous propose ici de comprendre tout l’intérêt de manger des insectes en Thaïlande !
Une multitude de préparations possibles
Consommer les insectes grillés ou frits
La recette la plus populaire consiste à faire frire des petits insectes noirs, mais aussi des espèces plus conséquentes, comme les punaises d’eau géantes. Ils sont agrémentés de piment, et accompagnés d’une sauce dont les Thaïlandais ont le secret. Celle-ci est le plus souvent concoctée à base de soja. Cependant, elle offre des variantes culinaires afin de satisfaire les papilles gustatives de chacun. Vous pourriez déguster, par exemple, une préparation :
- – plutôt sucrée, mélangée avec du lait de coco ;
- – à base de curry, avec des herbes.
La grillade est également un mode de cuisson répandu. Elle donne une texture croquante et un léger goût de fumé. Comme toujours agrémentés d’épices, les coléoptères, et autres insectes volants se marient parfaitement avec des cornichons ou quelques piments. Par ailleurs, la possibilité de découvrir une cuisine plus diversifiée, toujours à base de petites bêtes, s’offre à vous :
- – salade de nids de fourmis rouges à la citronnelle ;
- – wok de criquets à la feuille de pandanus ;
- – brochette de scorpions cuits sur un feu de charbon de bois ;
- – riz sauté aux vers de bambou ;
- – sauterelles rôties ;
- – omelettes et soupes de fourmis.
Apprécier d’autres formes de dégustation
Dans la région de Bangkok, la capitale, et de l’Isan, au nord-est du pays, les insectes sont servis volontiers en en-cas. Ils accompagnent communément une bière, un whisky ou un jus de fruits. Ils sont d’ailleurs considérés comme des friandises pleines de saveurs. Nous pourrions comparer cela à nos chips : ils croustillent délicatement sous la dent au moment de l’apéritif ! En outre, les habitants les avalent aussi avec du riz. Ainsi, seule l’imagination peut limiter l’utilisation des petits invertébrés dans les plats thaïlandais. En effet, ils sont consommés sous toutes les formes possibles :
- – vivants ;
- – nature ;
- – frits ;
- – bouillis ;
- – caramélisés ;
- – poêlés.
Les croyances locales leur prêtent même des vertus : le scorpion, par exemple, serait aphrodisiaque ! Cependant, ces mets très asiatiques ont encore du mal à attirer nos palais occidentaux, y compris ceux en quête de nouveautés. En effet, l’aspect de cette nourriture typique peut rebuter les plus téméraires. Toutefois, elle peut être broyée ou transformée en pâte, de manière à être incorporée plus facilement aux autres aliments. Manger des insectes en Thaïlande devient alors un vrai jeu d’enfant !
Trois bonnes raisons d’introduire des insectes dans nos assiettes
Des bienfaits pour notre santé
Les scientifiques s’accordent sur les avantages d’incorporer ces petites bêtes dans l’alimentation humaine. La plupart d’entre elles sont effectivement très riches en protéines, et peuvent concurrencer sans problème nos animaux d’élevage. D’ailleurs, la sauterelle et la chenille en sont un parfait exemple : la première en contient environ 20 %, et la seconde peut atteindre jusqu’à 80 %. Concrètement, cela signifie que 20 grammes de sauterelles représentent autant de protéines qu’un steak de bœuf de 80 à 100 grammes !
La majorité des insectes dispose d’un faible taux de matière grasse (à l’exception des larves de soie, remplies d’une masse gélatineuse). Leur teneur en corps gras est donc bien plus équilibrée que le porc ou la viande bovine, beaucoup plus courants chez nous. Ces propriétés les rendent idéals dans le cadre de régimes particuliers, comme celui de Dukan.
Certains de ces invertébrés fournissent aussi une grande quantité de vitamines et de minéraux. Ils sont également riches en fibres et en oligo-éléments. Ainsi, ils sont en mesure de compléter vos besoins en matière de :
- – fer ;
- – cuivre ;
- – magnésium ;
- – manganèse ;
- – phosphore ;
- – sélénium.
Les insectes offrent donc des nutriments de haute qualité, et se présentent comme un excellent complément alimentaire. Pour toutes ces raisons, les petites bêtes apparaissent comme la solution idéale contre une mauvaise alimentation, et par conséquent, l’obésité. Elles seraient même une réponse à la surconsommation de viande dans nos pays occidentaux. De plus, au niveau mondial, le développement d’une telle alimentation permettrait de réduire la famine.
Une roue de secours pour la planète
La production d’insectes en toute simplicité et efficacité
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture encourage leur développement, non seulement pour des raisons sanitaires, mais également pour leur faible impact environnemental. En premier lieu, l’élevage d’insectes ne nécessite pas beaucoup d’espace. Ensuite, peu gourmand en eau et en nourriture, il produit un rendement remarquable. Par exemple, la fabrication de 500 g de bœuf demande 10 000 l d’eau et 11 kg de végétaux. En revanche, pour la même quantité de viande de criquet, 3 l de liquide et 900 g de verdure seulement suffisent !
Une nouvelle option salutaire pour nos poumons
L’entomoculture engendre bien moins de polluants et de déchets que l’élevage traditionnel. Cela concerne en particulier les émissions de gaz à effet de serre. Là encore, l’exploitation des petits invertébrés est une référence en matière d’écologie. Dans ce cas précis, 1 kg de vers de farine diffuse dix à cent fois moins de gaz que la production d’un kilogramme de porc. En outre, celle-ci engendre huit à douze fois plus d’ammoniac, à poids égal, que celle des criquets, et jusqu’à cinquante fois plus que celle des sauterelles ! En 2050, la population mondiale pourrait atteindre 9 milliards d’individus. En conséquence, les besoins en viande seraient doublés. Manger des insectes pourrait donc bien être la meilleure solution pour satisfaire cette forte croissance tout en prenant soin de notre environnement.
Sur le chemin d’une économie plus éthique et équitable
Manger des insectes en Thaïlande : une aubaine pour les habitants
Contrairement à l’élevage bovin ou porcin, les insectes n’impliquent ni l’utilisation d’un terrain ni un investissement important au démarrage. Peu coûteux et faciles à entretenir, ils permettent en plus de diversifier les sources de rémunération, à la ville comme à la campagne. Ainsi, en Thaïlande, cette activité représente un précieux revenu d’appoint pour les paysans du nord, même si les prix de vente sont dérisoires.
Transformer les insectes ou les consommer directement : des atouts remarquables à tous les niveaux
Ils n’ont pas pour seule vocation de servir de base alimentaire humaine dans un futur proche. En effet, après avoir été broyés en farine, ils peuvent tout à fait entrer dans la composition de nourriture pour les poissons et les poulets. Un autre avantage non négligeable réside dans le fait qu’ils peuvent s’alimenter de déchets organiques, de compost et de lisier. Actuellement, une partie de la production de graines de maïs, de blé, ou de soja, est utilisée dans l’élevage de la volaille, de porcs ou de bovins. Donc, consommer des insectes au détriment de la viande classique, permettrait d’orienter cette semence vers l’approvisionnement humain plutôt qu’animal.
À l’avenir, ces ingrédients originaux se présenteraient donc comme le meilleur rempart contre le gaspillage alimentaire, la malnutrition et le réchauffement climatique. Toutes ces raisons les propulsent sans conteste au rang de champions écologiques de demain.
Les lieux les plus répandus pour manger des insectes en Thaïlande
Des saveurs goûtues affectionnées dans tout le pays
À l’origine, les insectes étaient exclusivement consommés dans le nord et le nord-est de la Thaïlande. Les habitants s’en servaient comme compléments alimentaires, grâce à leur haute teneur nutritionnelle. Cependant, de nombreuses familles en provenance de ces zones rurales les ont introduits un peu partout dans le pays. Cette migration a rendu ces nouveaux aliments très populaires, et aujourd’hui, ils sont davantage ingérés pour leur goût :
- – Les coléoptères sont croquants. Ils auraient une saveur de marron ou de cacahuètes.
- – Les chenilles, très douces en bouche, rappelleraient la châtaigne. Toutefois, leur texture molle peut laisser une impression déroutante.
- – Les sauterelles rôties, croustillantes comme des chips, donneraient un goût de noisette.
- – Les vers de farine évoqueraient la noix.
- – Certaines variétés de punaises se rapprocheraient de la saveur du gorgonzola.
Néanmoins, les insectes frits prennent surtout le goût des épices ajoutées à la friture.
L’omniprésence des petits invertébrés
À Bangkok, de jour comme de nuit, vous trouverez sans peine de nombreux étals et stands ambulants afin d’assouvir votre faim. Effectivement, ils emplissent la ville, en particulier sous les arches en béton du métro aérien et les marchés, avec leurs fourneaux à même les trottoirs. Au soleil couchant, une cohorte de vendeurs déambule déjà dans les rues de la capitale. Même si vous vous éloignez de la mégalopole, vous en croiserez un peu partout sur la voie publique, car c’est vraiment une spécialité thaïe. En effet, les snacks ont beaucoup de succès. Sur des carrioles, les marchands disposent de nombreuses variétés de denrées, pour le plus grand plaisir des consommateurs :
- – petits récipients remplis de sauterelles et de coléoptères frits ;
- – salades de fourmis ;
- – vers à soie blancs jetés dans des sachets en plastique ;
- – scorpions noirs bien croquants…
Cependant, dans le nord, des restaurants proposent des menus à base d’insectes cuisinés dans des plats plus élaborés :
- – larves frites assaisonnées avec des herbes aquatiques ;
- – kebabs aux scorpions ;
- – coléoptères fluorescents au barbecue…
Par contre, vous n’en trouverez généralement pas dans les hôtels et maisons d’hôtes accueillant les vacanciers. En effet, les propriétaires de ces hébergements connaissent notre répugnance à la vue de petits animaux rampants ou volants dans nos assiettes, même grillés.
En définitive
Manger des insectes en Thaïlande représente, pour de nombreux touristes, une expérience marquante. Pourtant, les habitants de ce pays en consomment régulièrement, et les incluent, de bon gré, à leurs habitudes alimentaires. En plus d’une sapidité variée, ils sont dotés de qualités nutritionnelles rares, et associés à une forte valeur écologique. Ils apparaissent donc aujourd’hui comme une alternative pleine de promesses à la production de protéines animales classique, mais également comme un nouveau souffle pour la planète.
Malgré tout, vous vous sentez toujours perplexe quant à la découverte gustative de ces bestioles étonnantes ? Je peux, bien sûr, vous emmener visiter d’autres destinations tout aussi exotiques : Zanzibar ou l’île de la Réunion !
Delphine Robin
