Coup de projecteur sur le métier de conseiller en séjour en office de tourisme

Occuper le poste de conseiller en séjour en office de tourisme est une expérience à vivre au moins une fois dans sa vie professionnelle. Car non, il ne s’agit pas d’un simple agent d’accueil qui distribue des plans et brochures aux touristes. Certes, il est indispensable qu’il sache orienter les visiteurs sur la destination et maîtrise des langues étrangères, mais sa mission est bien plus complexe. Dans cet article, on fait la lumière sur cet emploi trop peu reconnu à sa juste valeur et pourtant si formateur et passionnant. 

Conseiller en séjour en office de tourisme : un métier de services exigeant

conseiller en séjour

Un emploi bien plus polyvalent qu’il n’y paraît

Que fait un chargé d’accueil touristique ? Regardons la fiche métier de l’ONISEP. Bien entendu, son premier rôle est de recevoir les visiteurs et de répondre à leurs demandes au comptoir ou à distance et en plusieurs langues. Par ailleurs, il diffuse la documentation et gère les réservations des activités et des hébergements. Il maintient également le bureau propre et ordonné. Enfin, il a le sens de l’orientation, car mieux vaut éviter de perdre des touristes !

N’importe quel conseiller en séjour te dira que ce portrait est un peu réducteur. 

Oui, parce qu’il porte beaucoup d’autres casquettes :

  • – le commercial qui excelle dans la vente des prestations de ses partenaires ;
  • – le guide touristique qui connaît les dates et faits historiques de sa région par cœur ;
  • – le gestionnaire de stocks de documentation qui ne tombe jamais en rupture ;
  • – l’enquêteur qui n’oublie jamais de demander le département d’origine du client ;
  • – le médiateur qui règle les conflits entre les clients et les prestataires avec sourire et humour ;
  • – l’employé de Météo France qui fait apparaître le soleil sur commande ;
  • – le technicien informatique qui est capable de connecter le réseau WiFi à n’importe quel téléphone ou ordinateur.

Une disponibilité et une motivation à toute épreuve

Dans le tourisme, on travaille lorsque les autres sont en congé. Certes, le conseiller en séjour finit rarement sa journée après 20 heures, mais il doit être disponible pendant les vacances scolaires et les week-ends prolongés. Pour certains, c’est un vrai casse-tête de réussir à équilibrer vie pro – vie perso. Pour d’autres, c’est une aubaine pour partir en voyage loin des foules à moindre coût ou obtenir facilement un rendez-vous médical.

Qui dit activité saisonnière, dit pics de fréquentation et donc de stress ! En station balnéaire, les bureaux d’information touristique ne désemplissent pas entre le 14 juillet et le 15 août. L’équipe d’accueil jongle entre appels téléphoniques, mails, messages sur les réseaux sociaux et files d’attente au comptoir. Exit alors le conseil personnalisé, place à un discours très répétitif. Ce rythme effréné stimule ceux qui préfèrent travailler à 100 à l’heure, mais il frustre ceux qui apprécient de prendre le temps d’échanger.

En début de carrière, il faut accepter de commencer par un contrat saisonnier. Dans le secteur institutionnel, les CDI sont rares et s’obtiennent après avoir fait ses preuves pendant plusieurs années. Cette précarité plaît à ceux qui aiment être libres et vivre de nouvelles expériences. Cependant, elle contribue à maintenir une rémunération basse (1 785 € brut selon l’ONISEP) alors qu’un niveau d’études BAC + 2 minimum est généralement requis. Elle dévalorise aussi la fonction, encore trop souvent perçue comme la troisième roue du carrosse. Dans l’inconscient collectif, être chargé de communication ou de partenariats est bien plus flatteur.

Une posture à la hauteur de son rôle d’ambassadeur de territoire

Sais-tu pourquoi l’agent d’accueil se fait désormais appeler conseiller en séjour ? Au départ associatifs, les offices de tourisme et syndicats d’initiative ont longtemps fonctionné grâce aux bénévoles. Au fil des ans, les politiques ont pris conscience du poids économique de ce secteur. Le réseau s’est alors professionnalisé avec l’arrivée d’employés qualifiés. L’agent distributeur de flyers (si tant est qu’il n’ait vraiment été que ça !) a fait place à l’expert de destination formé à l’accueil par excellence. 

Simultanément, les syndicats d’initiative sont devenus des offices de tourisme classés avec un niveau d’exigence de service toujours plus haut. Chaque jour, on demande aux collaborateurs de laisser leurs soucis au vestiaire et d’enfiler leur tenue de superhéros constamment paré à une visite mystère. 

Porte d’entrée et vitrine du territoire, il est aussi un outil politique pour les élus locaux. Qu’est-ce que cela signifie ? La structure a une délégation de service public pour assurer la promotion de toute l’offre de la région sans distinction de qualité. Cette posture est parfois difficile à tenir face à un visiteur qui attend les meilleurs bons plans et adresses et une direction qui fixe des objectifs financiers ! Être conseiller en séjour exige un vrai talent d’équilibriste.

Conseiller en séjour en office de tourisme : un emploi enrichissant

Des rencontres riches d’enseignements

Le conseiller en séjour croise chaque jour des personnes issues d’horizons différents. Il côtoie avant tout des touristes venus des quatre coins de France ou du monde en quête d’aventures, d’émerveillements, de bien-être et de détente. Il partage ses expériences avec les nouveaux saisonniers recrutés chaque année. Bien plus nombreux qu’on l’imagine, les habitants fréquentent aussi les offices de tourisme pour se tenir informés de l’actualité de leur région. Enfin, les prestataires touristiques (hébergeurs, restaurateurs, gestionnaires de sites et activités de loisirs, parcs naturels, sociétés de transports, etc.) aiment venir prendre la température des tendances pour la saison.

Ces échanges sont une véritable source d’enrichissement. Au fil de ces rencontres, le conseiller en séjour développe son savoir-être et notamment : 

  • l’empathie, car il gagne du temps et de l’énergie en anticipant les besoins des autres ; 
  • – la patience, le calme et l’humour pour faire face aux situations de stress ;
  • – la capacité à s’organiser pour traiter plusieurs tâches à la fois ;
  • l’esprit d’équipe, car il travaille avec les pôles communication, administration, partenariats…  ;
  • – la créativité pour trouver des solutions aux demandes de plus en plus rocambolesques  ;
  • – la curiosité saine pour avoir toujours un train d’avance sur les attentes des voyageurs.
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De la satisfaction à donner de soi pour plaire aux touristes

L’objectif d’un conseiller en séjour : faire que le séjour du vacancier soit inoubliable et qu’il reparte avec plein de merveilleux souvenirs à raconter. Il y a pire comme job, non ?

Avec internet, le client a désormais accès à une multitude d’informations avant et pendant son séjour. Rares sont les voyageurs qui n’ont pas déjà tracé les grandes lignes de leur programme de vacances avant d’arriver. La mission du conseiller en séjour est de jouer les détectives et psychologues pour délivrer un discours « haute couture ». 

Le Graal est d’être le seul à :

  • dénicher une chambre d’hôtel à une famille de 5 personnes un 15 août ;
  • convaincre un client de partir à la découverte d’un lieu qui ne le séduit pas de prime abord ;
  • solutionner un problème pour que le séjour ne tourne pas au désastre ;
  • surprendre le visiteur en partageant ses spots préférés ou ses coins secrets et lui procurer un sentiment d’exclusivité.

Finalement, quoi de plus réjouissant qu’un métier qui t’offre l’opportunité de contribuer à des vacances réussies !

 

« Le conseiller en séjour, c’est le métier de tous les rêves, de la transmission, du partage des connaissances insatiables d’un territoire. Une des rares professions où l’échange, la disponibilité et l’écoute sont au service de l’humain. »

« Métier qui se complexifie, qui est passé de service public à la notion de commerce. Des démarches qui s’alourdissent et laissent peu de place au bon sens, à la spontanéité. C’est aussi de la frustration du peu de reconnaissance dans la sphère touristique, c’est l’échelon le plus bas. »

Des clés pour l’avenir

Aucune journée ne se ressemble à l’accueil d’un bureau d’information touristique. Pour rester performant, le conseiller en séjour est un véritable couteau suisse : un réel atout pour son avenir professionnel.

Il est constamment invité à travailler ou donner son avis sur des projets transversaux : élaboration de programme d’animations, visites guidées et événements, amélioration des supports de promotion (brochures, sites internet, contenus des écrans et affichages…), scénarisation de l’espace d’accueil, etc.

Cette expérience est un excellent tremplin pour se former à d’autres métiers, car elle permet au conseiller de :

  • se perfectionner en langues étrangères ;
  • – décoder toutes les règles de la relation client ; 
  • – détecter les bons arguments pour mieux vendre ;
  • – participer à la gestion d’une boutique ;
  • – utiliser différents outils de communication : réseaux sociaux, base de données, site internet, logiciels de réservation, etc.

Par ailleurs, le métier est pleinement confronté aux défis technologiques et environnementaux de notre société. Inquiète de disparaître avec l’avènement d’internet il y a quelques années, la profession a su s’adapter et trouver une nouvelle place. Elle doit dorénavant avoir une longueur d’avance sur les solutions qu’offrent l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle, les appareils connectés. Un vrai challenge pour les salariés du secteur ! Les conseillers en séjour devront également continuer à intégrer les enjeux environnementaux et sociaux du tourisme dans leur discours. Ils doivent se préparer à répondre à des interrogations croissantes sur les nouvelles habitudes de voyage. Ce sont de beaux défis à relever dans les prochaines années.

Ce qu’il faut retenir du métier de conseiller en séjour en office de tourisme :

Être conseiller en séjour en office de tourisme n’est ni has been, ni ennuyeux. C’est une fonction qui requiert de multiples compétences, un métier qui exige d’être disponible et peut mettre les nerfs à rude épreuve. Mais le jeu en vaut la chandelle, car on fait de belles rencontres, on rend les gens heureux et on est sans cesse challengé.

Découvre comment devenir travel planner, un autre métier du tourisme qui a de beaux jours devant lui !!

Nathalie Goumard